Les portraits inclusifs : Frédéric Cloteaux, Directeur de Vivre FM

Le portrait de Frédéric Cloteaux, Directeur de Vivre FM 📻

Dans ce portrait, Frédéric nous parle de son parcours professionnel atypique et de son engagement à donner une voix à ceux qui en ont le plus besoin, à travers la radio Vivre FM.

Le portrait inclusif de Frédéric Cloteaux, Directeur de Vivre FM


💬 Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Frédéric Cloteaux, je suis le directeur de Vivre FM , de l’association ANPHI, l’Association nationale pour la prévention des handicaps et l’information. Je viens d’un autre monde, puisque j’ai eu plusieurs vies professionnelles. J’ai été attaché de presse de Bill Gates. J’ai ensuite travaillé à l’international dans des grosses boîtes informatiques, forcément ça me collait un peu à la peau ensuite, j’ai monté une chaîne de restaurants de pâtes.

Et puis je me suis associé aux personnes qui ont créé le salon Hello Handicap, un salon digital de recrutement pour personnes en situation de handicap. Jai ensuite pris la direction de la radio VIVRE FM en 2016, avec l’objectif de lui donner de l’impact et de la moderniser. Toujours un esprit d’entrepreneur, et encore et toujours, puisqu’on est sans arrêt en ébullition, en train d’innover !

🎙️ Pouvez-vous nous présenter brièvement Vivre FM ?

Vivre FM a été créé en 2004, il y a 20 ans, par Anne Voileau, qui avait récupéré une demi-fréquence FM qui était vacante à l’époque, momentanément vacante, et qui s’est associée à un groupe d’irréductibles gaulois. La plupart du temps, des personnes en situation de handicap, comme Hamou BOUAKKAZ ou Ryadh Sallem, un spécialiste de la radio, du montage de dossiers FM, jean-michel sauvage, qui a raflé cette demie-fréquence !

Vivre FM est la cinquième radio associative de France et nous comptons à peu près 500 000 auditeurs par mois. On est également une radio digitale, puisqu’on diffuse sur le DAB, et nos programmes sont surtout écoutés soit en streaming, soit en podcast.

La radio a une particularité, quelle avait a l’origine et qu’on a conservé : c’est de donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, et surtout d’avoir plus de 50% de personnes en situation de handicap dans notre équipe.

Et pourtant, nous sommes une véritable radio d’info, mais des infos différentes !

🤷 Qu’est-ce qui est à l’origine de la création de Vivre FM ? Quelles sont vos motivations ?

L’origine de la radio, nous l’avons vu juste au dessus. Ce n’est pas moi qui l’ai créée, mais j’ai repris le flambeau en 2016. C’est Anne Voileau, qui, en 2004, a vu arriver la loi Handicap. Elle s’est alors dit qu’elle pouvait amplifier ce mouvement en créant le premier média qui parle de handicap.

À l’origine, c’était la radio du handicap, mais aujourd’hui, nous sommes la radio de toutes les différences, car il existe bien d’autres sources de discrimination. Nous fonctionnons comme une véritable entreprise, avec de vrais salariés. Nous ne sommes pas une entreprise adaptée, mais une entreprise en milieu ordinaire et nous luttons contre les grandes radios d’information en continu, qui hésitent souvent à parler du handicap et de la diversité au sens large, et encore plus à embaucher des journalistes ou techniciens directement concernés.

Nous apportons donc des solutions en incarnant la solution.

Depuis mon arrivée, c’est ce que nous faisons, et c’est encourageant de voir que cette motivation est partagée par une cinquantaine de personnes aujourd’hui, qu’ils soient salariés, en service civique, stagiaires ou bénévoles. Chez nous, les bénévoles ne se contentent pas de tâches secondaires. Ils comblent des besoins essentiels en prenant en charge des thèmes que nous ne pouvons pas traiter avec nos salariés et journalistes payés, faute de moyens. Ils réalisent de superbes émissions sur des sujets comme les aidants, l’autisme, ou l’environnement, pour n’en citer que quelques-uns. Ces bénévoles sont véritablement des piliers de l’information que nous diffusons.

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🦾 Quelles sont les prestations que vous proposez pour sensibiliser au handicap ?

Nous ne sommes pas un cabinet de prestation d’actions de sensibilisation au handicap. Nous sommes juste, comme je le disais, une solution : nous savons sensibiliser et communiquer autour du handicap. L’idée n’est pas d’être un prestataire de service, mais d’être un prestataire complètement hors normes. C’est-à-dire que les contenus qu’on fabrique pour des entreprises sur le handicap, qui seront diffusés en interne pour prêcher la bonne parole, expliquer aux collaborateurs que l’entreprise fait ci ou ça, sont aussi diffusés sur la FM, sur le DAB, sur tous les systèmes numériques.

En fait, nous ne sommes pas seulement un outil de sensibilisation, mais un moyen incroyable pour les entreprises de communiquer simultanément en interne et en externe, avec un impact significatif. Ce qui fait la différence, c’est que la parole n’est pas portée par les dirigeants de l’entreprise, mais par un média.

Nos prestations consistent d’abord à nous rendre dans les entreprises pour réaliser des directs extérieurs de 2 heures. Nous y décryptons tout ce que l’entreprise fait en matière de handicap. Nous donnons la parole au PDG, au DRH, mais aussi aux collaborateurs qui ont déclaré leur handicap en cours de route, à ceux qui ont réussi à être embauchés malgré leur situation, ou encore à ceux qui maintiennent leur emploi malgré des maladies graves comme la sclérose en plaques ou le cancer. Tout cela est passé au crible, en direct, à l’antenne.

Ce format est exceptionnel car il libère la parole tout en incitant à la transparence. Si quelque chose n’est pas vrai, cela se saura. Nous produisons également de courtes séquences, appelées « Le saviez-vous », où nous répondons de manière simple à des questions que beaucoup se posent : Dois-je déclarer mon handicap ? Vais-je être privé de possibilités d’évolution dans l’entreprise ? Vais-je être exclu des formations ? Comment mes collègues me perçoivent-ils ? Ces questions, bien que basiques, sont abordées en 2-3 minutes de manière percutante. Et comme c’est de l’audio, ces messages peuvent être diffusés potentiellement dans le monde entier, surtout lorsque nos clients sont internationaux.

🚀 Comment mesurez-vous l’impact de vos interventions en termes de sensibilisation au handicap ?

L’impact, on le mesure déjà à la satisfaction de nos clients. Et on a quasiment 0 faute là-dessus. Nous mettons des moyens techniques importants quand on utilise le média radio pour sensibiliser, et beaucoup d’équipes humaines. Quand on fait un direct dans une entreprise, on est plus de 10 personnes à être mobilisées en studio à Paris et sur le site pour assurer une qualité exceptionnelle à la fois dans la qualité des interviews, à la fois dans la qualité technique, parce qu’on a toujours des problèmes techniques … !

Et puis aussi, dans le déroulement des opérations : on capte un son, ça, c’est bien. Mais derrière, on en fait quelque chose. Donc, on a toujours quelqu’un qui s’occupe de la mise en podcast. On a quelqu’un qui s’occupe de la diffusion sur les réseaux sociaux et on amplifie le mouvement sans arrêt comme ça. Donc, une fois que c’est digitalisé, c’est assez facilement mesurable puisqu’on suit le taux d’écoute.

Quand on voit que sur certains podcasts, on a 50 000 écoutes d’une heure, c’est bon signe. Et c’est comme ça qu’on mesure au final de manière mathématique l’impact de nos actions de sensibilisations.

🧑🏫 Quelles sont vos perspectives d’évolution ou vos projets futurs ?

Nos perspectives d’évolution et nos projets futurs, ça n’arrête jamais.

D’abord parce qu’on fait de la radio et que ça ne s’arrête jamais, c’est H24. On a 4 800 heures de programmes frais chaque année.

On est sans arrêt en ébullition pour trouver de nouveaux invités, de nouveaux concepts. Aujourd’hui, on a des émissions complètement inédites à l’antenne, qui ne se retrouvent pas ailleurs et qui fonctionnent très bien. Par exemple, celle que je présente et qui se déroule dans le noir absolu et dans laquelle j’invite des personnalités et avec qui je passe une heure.

On a des émissions comme « Le jour où », animée par Cendrine Genty, qui pose une question à quelqu’un qui a changé de vie en raison d’un déclic, d’un changement.

Et puis, en ce moment, on est en train de préparer les 20 ans de Vivre FM 🎉. Il pourrait se passer quelque chose dans les rues de Paris …

Nous sommes aussi engagés dans le magazine Épatant, qui est un magazine à vocation sociale, qui vient du modèle londonien « The Big Issue ». On a monté ça avec une autre bande d’irréductibles Gaulois, il y a un peu plus d’un an : le magazine est donné gratuitement à des SDF qui peuvent ensuite le revendre 5 euros et empocher la totalité des revenus !

Nous nous sommes aussi engagés aussi dans une plateforme qui s ‘appelle différentspointsdevuepoint.info qui vise à créer un annuaire des personnes qui sont en situation de handicap et qui sont expertes de tous les sujets d’actualité dont on entend parler à la radio ou qu’on voit à la télé mais qui ne sont pas interrogés. L’idée est de faire remonter mécaniquement le handicap dans les médias. Pour information, le taux d’apparition du handicap dans les grands médias est de 0,7%. On espère aller plus loin !

👍 Avez-vous des actions particulières que vous souhaitez mettre en avant ?

Alors j’ai une action particulière que j’aime bien mettre en avant qui s’appelle le team building inclusif. C’est un format qui est très marrant en sensibilisation. On prend une équipe de 10/15 personnes d’une entreprise qui ne savent pas où ils vont, qui ne savent pas ce qui va se passer et ils arrivent à 14 heures chez nous. On leur annonce qu’à 18 heures, ils auront enregistré leur 1ère émission de radio, qui sera diffusée à l’antenne.

On forme des groupes qui travaillent comme dans une rédac’, accompagnés par des personnes en situation de handicap. On inverse les rôles, il y a un rythme qui est très important, il y a un délivrable derrière qui est aussi exploité évidemment par l’entreprise qui nous envoie son équipe. C’est une expérience immersive qui est absolument géniale, parce que le plaisir de passer à l’antenne après avoir bossé 3 heures sur un sujet (de handicap ou de diversité), est un moment très rare et très fort pour tous les participants.

Et le lendemain, lorsqu’ils retournent dans leur entreprise, imaginez la fierté qu’ils ressentent en répondant à ceux qui leur demandent où ils étaient : « J’ai enregistré ma première émission de radio, et elle sera diffusée tel jour. »

La cerise (🍒) sur le gâteau, c’est que, comme nous formons de petits groupes qui travaillent en équipe avec des chasseurs de sons, ils sont envoyés à l’extérieur pour réaliser des micro-trottoirs. Le meilleur de ces groupes voit son podcast diffusé le lendemain dans la matinale de Vivre FM. C’est un peu le Graal, car c’est le moment de la journée où l’audience est la plus élevée. Cela crée une tension positive qui se propage ensuite dans toute l’entreprise, devenant un véritable outil de sensibilisation.

C’est une mobilisation qui est juste extraordinaire !

💡Comment avez-vous connu AKTISEA ?

J’ai connu AKTISEA quand j’étais l’un des co-producteurs du salon qui s’appelait Handi Today à l’origine, puis Hello Handicap. AKTISEA faisait partie des cabinets qui géraient la participation d’entreprises au salon.

Et un jour, j’ai eu envie, et ça manquait depuis longtemps à l’antenne, de lancer une émission sur l’emploi. Je ne me souviens plus à qui j’ai envoyé un message ou passé un coup de fil, mais la réponse a été instantanée. Depuis, la collaboration est non seulement très agréable, mais surtout extrêmement efficace.

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« Les Experts EMPLOI » sur Vivre FM avec AKTISEA

🔥Le conseil/info que vous souhaitez transmettre aux référents handicaps qui nous suivent ?

Le conseil que je donnerais, c’est de continuer à faire ce qu’ils font, car c’est génial.

C’est ce que je fais moi-même chaque jour, surtout avec 50% de personnes en situation de handicap psychique. C’est un défi constant, d’autant plus que nous avons beaucoup de roulement, avec de nouveaux arrivants chaque saison, et cela se ressent vraiment, car nous fonctionnons par saisons de radio.

Il est donc essentiel de réussir à intégrer ces nouvelles personnes, et ce, des deux côtés : certains ont peur des uns, des autres, et c’est toujours un moment un peu délicat, mais qui finit toujours par bien se passer.

Il faut apprendre aux autres dans l’entreprise à adopter cette approche : se tourner vers l’autre, tendre une oreille attentive, toujours rester vigilant, car le diable se cache dans les détails. Beaucoup de personnes cachent des choses dans les entreprises, et si on n’est pas à l’écoute, ça ne peut pas fonctionner. Une seule personne référente pour des dizaines ou des centaines d’autres, ce n’est pas suffisant. Il est crucial que tout le monde applique ces méthodes et prenne soin des autres, en soutien des référents.lus grand nombre !  Un référent handicap ne peux rien faire seul, il a besoin des autres, des RH, managers, direction et sa force et de pouvoir fédérer autour de lui et autour de sa cause !

Merci Frédéric pour ce témoignage !